Je lis honnêtement très peu de romans policiers. Mais depuis quelques jours je repensais pas mal à Girl, interrupted (un film avec Winona Ryder et Angelina Jolie à l'intérieur, ce qui vous donne un peu une idée de son potentiel haute qualité), et j'étais donc d'humeur à entrer de nouveau dans une histoire impliquant des jeunes filles socialement marginalisées. Et paf, je tombe sur la couverture de ce bouquin qui me fait de suite faire le rapprochement.
★ L'intrigue ★
En plein cœur de la nuit, alors que rien ne le laissait présager, deux personnes sont assassinées dans un centre de réhabilitation psychiatrique suédois. L'une était pensionnaire, l'autre infirmière. La police est immédiatement mise sur le coup, mais rien ne va assez vite au goût de Joona Linna, inspecteur qui assiste à l'enquête en qualité d'observateur. De son côté, il décide de prendre les choses en main et tente de suivre la trace de Vicky Bennet, la principale suspecte en fuite depuis la nuit des meurtres. Mais il se heurte très vite à des incertitudes : la jeune Vicky est-elle capable d'autant de violence ? L'arme du crime est-elle la bonne ? Et pour quelle raison le cadavre de la pensionnaire a-t-il été mis en scène, étendu sur un lit, les mains plaquées sur les yeux ?
★ Mon avis ★
J'avais d'abord une crainte : que l'histoire sombre dans la caricature et la déshumanisation, comme c'est souvent ce qui se produit lors que l'on parle de troubles psychologiques / de la personnalité. Au final, il ne m'a pas semblé que c'était le cas. Les pensionnaires de Birggitagarden ne sont pas diabolisées ni monstrueuses, mais sont plutôt dépeintes comme des filles que personne ne souhaite écouter. Mais elles ne sont de toute façon pas les héroïnes de ce roman, et c'est ce que j'ai regretté. Le personnage principal, Joona Linna, n'a absolument pas éveillé mon intérêt. Il est beaucoup trop lisse et parfait (selon des critères qui ne sont pas les miens j'imagine) : sa beauté est mentionnée à plusieurs reprises, et voilà que ses muscles se dessinent sous sa chemise (sérieusement), et voici que la collège se met à bafouiller lorsqu'elle croise son regard... Bon, pourquoi pas, mais question subtilité, bof. Et finalement il s'avère bien trop prévisible, le Joona. C'est ennuyeux qu'il ait toujours raison !
Cependant, j'ai apprécié d'autres choses. Si j'ai mis un certain temps avant de me prendre au jeu, j'ai aimé que le personnage de Vicky Bennet prenne une importance croissante. C'est véritablement par son biais que l'intrigue est devenue captivante. L'intégration d'éléments surnaturels par l'intermédiaire du personnage de Flora, une femme de ménage qui organise des séances de spiritisme 100% pipeautées pour mettre du beurre dans les épinards, fait aussi l'originalité de ce roman.
Il est à noter par ailleurs que derrière Lars Kepler, l'auteur du roman, se cachent en fait deux personnes : Alexandra et Alexander Ahndoril, un couple qui n'en est pas à sa première collaboration, Incurables étant leur troisième ouvrage. Cette particularité se ressent au niveau du découpage des chapitres, qui sont systématiquement très courts : l'écriture s'est probablement faite en alternance. Mais outre ce détail, l'ensemble est très cohérent et surtout pas tiraillé entre deux styles différent, l'exercice est donc réussi. Globalement le ton est froid, et les phrases sont courtes, descriptives, pas très alambiquées. Personnellement ça me dérange un peu, ça me donne l'impression de lire un article de journal, mais j'ai l'impression que c'est de toute façon un style propre à beaucoup de romans policiers. Alors, si je n'affectionne pas particulièrement ce genre, il est tout de même indéniable qu'Incurables remplit bien, de ce côté-là, sa mission : instaurer jusqu'au bout un suspense vraiment maîtrisé.
★ Le livre en détails ★
Auteur : Lars Kepler (Suède)
Traduction : Hege Roel-Rousson
Année de parution : 2013
Éditeur : Actes Sud
Collection : Babel noir
Pages : 599
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